J’ai le plaisir d’être la commissaire de l’exposition consacrée à Chema Madoz qui vient d’ouvrir au Château d’Hauterives dans la Drôme, juste à côté du célèbre Palais idéal du Facteur Cheval.
Organisée par la Galerie Esther Woerdehoff, cette exposition présente une cinquantaine de tirages du photographe espagnol, datant de 1987 à 2017 et une sélection rarement montré des objets qui servent à réaliser les photographies.
Né à Madrid en 1958, Chema Madoz découvre la prise de vue et le tirage photographique en autodidacte au début des années 1980, dans l’effervescence créative de la Movida. Il commence à exposer ses œuvres en 1983 tout en travaillant comme employé de banque. C’est au début des années 1990 qu’il choisit d’arrêter de photographier les personnes et les paysages pour se consacrer uniquement aux objets. Le photographe les glane dans les brocantes, les boutiques ou même les poubelles, aux hasards des rues. Son studio devient un cabinet de curiosités anodines qui attendent d’être révélées, un bric à brac qu’il transforme, retravaille, assemble, oppose pour créer des associations inattendues, dans l’esprit du Surréalisme.
Les objets choisis semblent issus d’un imagier atemporel : souliers, livres, montres ou papillons et Chema Madoz les extrait de leur fonction utilitaire pour réaliser les rêves auxquels ils aspirent et les capturer avec son appareil photo en moyen format. Travaillant uniquement en noir et blanc et en argentique, le photographe tire lui même ses photos, dans un format unique à chaque image qui joue avec l’échelle de la réalité. Depuis plus de trente ans, avec une créativité sans cesse renouvelée, ses images décrivent un monde d’objets métamorphosés par son regard illusionniste, les poèmes visuels d’un magicien de la photographie.
“Nous pensons que la réalité est inaltérable mais c’est tout l’inverse. Il suffit d’un petit clin d’oeil pour que tout se modifie.” Chema Madoz
Exposition jusqu’au 31 août 2018
Château d’Hauterives, Drôme
Chema Madoz est représenté par la Galerie Esther Woerdehoff