J’ai récemment eu le plaisir de présenter la candidature de la photographe Elene Usdin au Prix Niépce 2015 de Gens d’images, après avoir soutenu celle de Laurence Demaison en 2014.
J’ai découvert le travail d’Elene Usdin à l’occasion de la Carte Blanche que lui offrait le Prix PHPA à la Galerie Esther Woerdehoff en 2011. L’élégance effrontée de ses mises en scènes, la légèreté ludique et la composition précise de ses photographies m’ont séduites. Depuis, je continue à m’émerveiller devant sa créativité, sa liberté, et son engagement réfléchi de femme photographe, en particulier par l’autoportrait, contre tout carcan imposé aux corps ou aux esprits.
D’abord illustratrice et décoratrice de cinéma, formée aux Arts Déco, Elene Usdin n’est pas venue d’emblée à la photographie, qui lui était pourtant familière depuis l’enfance. Elle découvre le médium en 2003, comme un langage à part entière, qui renouvelle sa pratique artistique et la régénère.
Dans l’œuvre d’Elene Usdin, la photographie se fait le jeu du désir, l’expression des souvenirs de l’enfance, des rêves et les cauchemars qui nourrissent toujours son imaginaire. L’artiste raconte des histoires étranges, par bribes qui restent à interpréter. La femme – et surtout l’autoportrait – est son sujet de prédilection, travestie, métamorphosée, interrogeant le genre et les stéréotypes. Il y a des objets, abats-jours, matelas ou valises, qui s’animent et se détournent de leur vocation utilitaire pour devenir eux aussi des personnages.
Il y a le mouvement des corps, leur souplesse dansée, ces figures au repos, souvent endormies, parfois maltraitées, contraintes par leur environnement ou épanouies dans un paysage naturel, femmes transformées momentanément en objets – ou en reines – par la magie de la fiction. Il y a enfin le fil noir du déclencheur souple, exhibé dans l’image, cordon sensible qui relie le moi-modèle au moi-photographe dans l’autoportrait et atteste de la réalité technique de la prise de vue.
Cultivant une approche pluridisciplinaire issue de sa formation aux Arts Déco, les photographies d’Elene Usdin fixent un processus qui débute par le croquis, puis se poursuit dans la fabrication artisanale des costumes, accessoires ou décors. Son inspiration pioche dans l’histoire et l’histoire de l’art, les mythes, les contes et légendes, mais aussi dans la culture populaire actuelle, des muses aux super-héros. Revendiquant l’influence des Surréalistes ou d’Annette Messager, elle compose ses œuvres avec un imaginaire sans borne, une esthétique ludique et un humour mordant. Que ce soit dans son travail de commande ou dans ses recherches plus personnelles, Elene Usdin parvient à créer librement une œuvre singulière et d’une grande cohérence.
Pour plus de photographies visitez le site internet d’Elene Usdin
Elene Usdin est représentée par la Galerie Esther Woerdehoff
Le Prix Niépce 2015 de Gens d’images a été attribué à Laurent Millet, dont la candidature était présentée par Michel Poivert. Récompensé en 2014 par le Prix Nadar pour son livre Les enfantillages pittoresques publié par les éditions Filigranes, le photographe est représenté par La Galerie Particulière, à Paris.